L’avènement incertain d’un nouveau « grand bond en avant »

Sous une apparence se voulant pleine de bon sens, les expressions s’imposent sans que l’on y prenne toujours garde, ce qui ne les empêchent pas d’être significatives. La préoccupation dominante du moment est de favoriser « la relance », tout en annonçant une « réduction » de la dépendance à la mondialisation. Ni l’une ni l’autre ne sont satisfaisantes.

La « relance » fait en effet l’impasse sur une réflexion sur le moteur et la finalité de la production économique et sur le rôle attribué au marché. Le concept des « biens communs » est mis à toutes les sauces, comme l’a été celui de revenu universel de base pour noyer le poisson. Même amendée à la marge pour certains secteurs productifs, la mondialisation entérine la répartition inégalitaire des profits qui résulte d’une division du travail dont résulte l’organisation de « chaînes de valeur » qui ne vont être que retouchées.

Le capitalisme financier est à tous points de vue un système prédateur nuisible, pour la planète comme pour ses habitants. Mais une autre de ses caractéristiques est apparue, si l’on considère la disproportion entre les effets mortels directs de la pandémie et ses gigantesques conséquences économiques et sociales : le système s’est révélé d’une très grande fragilité. On savait que la dette était son talon d’Achille mais on ignorait sa nature systémique, qui n’est pas réservée à la sphère financière.

Relancer le système, c’est vouloir le réamorcer sans tirer les leçons des évènements qui secouent la planète toute entière, Il n’y a pas de quoi s’étonner, l’exemple de la crise aiguë de 2007-2008 est un précédent. Il est fait état « d’activités essentielles », mais les critères permettant de les identifier ne sont pas clarifiés, pas plus que le sort qui doit leur être réservé. La liste s’impose pourtant, il s’agit de se nourrir, se loger, se soigner, s’instruire, se déplacer et de préserver notre environnement… Et ces « biens communs » doivent être mis hors marché et bénéficier d’une gestion démocratique nouvelle vague.

Le vieux recours à l’État et au repli derrière des frontières héritées du passé ne sont plus de mise. La crise environnementale qui suit a la particularité d’être prévisible, si toutefois elle n’est pas devancée par une autre, mais cela ne donne en rien la garantie qu’elle sera évitée. La hausse de la température et ses effets délétères résultent de l’activité humaine, tel qu’il a été amplement montré. Ce n’est donc pas une fatalité, mais il est certain qu’elle ne peut trouver de réponse qu’à l’échelle planétaire, comme la régulation financière. Dans un monde globalisé, les frontières ne sont là que pour arrêter les habitants de la planète et, si l’on veut bien en convenir, de protéger les nantis des démunis. Sur le podium de l’insoutenabilité, les inégalités figurent en bonne place.

Les refuges intellectuels ne manquent pas, la création monétaire en est un. On parle d’annulation de la dette par les banques centrales, ce qui ne peut certes pas faire de mal, mais quel sens aurait-elle si le mécanisme de sa reproduction n’est pas démonté pour le stopper ? Si le capitalisme est devenu financier, ce dont on peut difficilement douter, c’est à la tête qu’il faut frapper. La délégation de pouvoir qui est concédé au marché en raison de son efficience présumée n’est pas d’une autre nature que la croyance d’un autre temps en un châtiment de dieu, un habillage qui a trouvé le repoussoir de la mascarade russe et de sa suite, le socialisme n’était pas destiné dans l’esprit de ses initiateurs à survenir dans un pays arriéré.

Fort d’une nouvelle expérience collective, un nouveau « grand bond en avant » est nécessaire, l’élan sera-t-il suffisant ?

24 réponses sur “L’avènement incertain d’un nouveau « grand bond en avant »”

  1. « Dans un monde globalisé, les frontières ne sont là que pour arrêter les habitants de la planète et, si l’on veut bien en convenir, de protéger les nantis des démunis »

    Le grand bon en avant auquel vous appelez, demande que chaque peuple reconstruise sa souveraineté nationale, afin que, sur ce socle, il puisse appuyer sa battue pour l’élan nécessaire à l’humanité mondialisée.

    Pour la Grèce, certes 80% des immigrés sont des moins pauvres que les plus pauvres des pays pauvres gens et achètent leur passage aux mafias. Par contre, 20% sont carrément des extrémistes islamistes provenant plutôt d’Afghanistan et missionnés par Erdogan pour préparer une reconquête de la Grèce.

    Sur tout cela, il est nécessaire de lire tout le blog de Panagiotis Grigoriou.

    Ce ne sont pas les néonazis d’Aube dorée qui rejettent les immigrants, c’est le peuple grec qui se soulève contre les manoeuvres des ONG affidées à l’Open Society de Soros. Le peuple grec se bat contre cette invasion et les spoliations dont est l’objet. Ils se savent en cours d’effacement de leur propre pays; cette manoeuvre, nous la soutenons sous le couvert de la moraline d’un anti-souverainisme de principe.

    « Souveraineté populaire » ne veut pas dire « nationalisme ». Par contre, « globalisme » et « mondialisme » servent d’éventail aux prétendus experts en rêve de maigres strapontins dans les caves des institutions du gouvernement mondial qu’ils appellent de leurs voeux.

    1. L’exercice de la souveraineté n’est pas nécessairement national ! Le cosmopolitisme n’est pas mal non plus !

      1. Bien entendu, mais la première étape n’est-elle pas de vider les compagnies – compradore – de son propre pays ? Et pour cela, l’étape première n’est-elle pas est de redevenir souverain chez soi ? Le temps que réussisse l’entrisme des gauches de type Glucksman ou Varoufakis au parlement européen, ils seront tous devenus gras.

        Par exemple, lisez attentivement le programme politique détaillé de l’UPR (Asselineau), vous vérifiez texte en main, qu’il s’agit – depuis plus de dix ans- d’une actualisation du programme du CNR , augmenté d’une ouverture au monde de la France, mise à niveau de la mondialisation des échanges et des responsabilités planétaires. Remarquez le succès de la revue souverainiste -FrontPopulaire- ; lancée par Onfray (plus de 18.000) souscripteurs)

          1. Asselineau, mon dieu, y a encore des gens pour suivre pareil borgne ?

            Décidément ça va mal au pays des idées neuves.

            Les souverainistes, de mon point de vue que je juge bien placé et haut en panorama, sont toujours les dindons de la farce des puissants en dernier recours et accessoirement toujours les bras armés des basses besognes ignobles devant le tribunal du futur vivant, toujours prompt à faire dresser sur le cailloux les poils d’un singe fraîchement débarqué au pays des Hommes sages fou à lier.

  2. « se nourrir, se loger, se soigner, s’instruire, se déplacer tout en préservant notre environnement… »

    C’est un programme évident et bien plus clair que celui de la croissance par la compétitivité (croissance de quoi? compétitivité au dépens de qui?) qu’on nous rabache depuis des années.

    Faudra-t-il attendre de crever de faim ou d’être à la rue ou que pouvoir se soigner, s’instruire et se déplacer ne soit plus possible que pour un petit pourcentage de la population pour que les partis d’opposition en fassent leur programme?

  3. Le cosmopolitisme est une idée philosophique intéressante mais inapplicable politiquement car ne tenant pas compte de la nature humaine, celle qui résista, résiste et résistera aux meilleures éducations reçues.

    Quoi de plus cosmopolite que l’Église universelle de Jésus Christ ? Quoi de plus universelle que son message d’amour ?

    – Nous sommes tous des frères, mon frère ?
    – Mais certainement ! Mais c’est moi le Pape, donc tu m’obéis !

    En conséquence les Anglais devinrent Anglicans et les Russes orthodoxes pour ne pas obéir à Rome.

    Il suffit d’ailleurs d’avoir assisté une fois dans sa vie à une réunion de copropriété avec des gens de même culture, même langue et même milieu socio-professionnel, pour se rendre compte que la philosophie parle de l’Homme tel qu’il devrait être et la politique de l’homme tel qu’il est.

      1. Bonne question (si je puis me permettre 😉

        La nature de l’Homme peut être qualifié de semi-humaine, à savoir que notre intelligence, certaine, est le plus souvent incapable de réprimer nos instincts animaux.

        Le capitalisme dans sa version néolibéralisée, financiarisée et mondialisée en est un bel exemple. Ceux qui en tirent profit savent pertinemment que c‘est au détriment de leurs semblables et des écosystèmes, qu’ils oblitèrent ainsi les chances de survie de leurs propres enfants.

        Et pourtant ils continuent allégrement dans la même voie. Mieux, ils veulent profiter de la pandémie actuelle pour accélérer le processus de destruction.

          1. Je ne pense pas que ce soit notre nature animale en tant que telle qui pose problème, après tout elle offre de très bons côtés comme les plaisirs du sexe ou de la table (ou de courir le marathon, à chacun ses plaisirs). Le problème tient à notre difficulté de la contrôler.

            Nous sommes des semi-animaux/humains sans limites, vivant sur une planète aux ressources limitées. Ça s’appelle un goulet évolutif et il n’y a que deux options : soit y rester bloqués et y mourir, soit modifier nos comportements animaux (en commençant donc par les reconnaitre pour ce qu’ils sont).

            Les trans/post/bidules-humanistes ont leur solution: greffer des circuits de silicones ou bidouiller le génome pour créer les primates du futur (ce qui n’est pas incompatible avec la société néo-féodale à la Macron/Trump/Bolsonaro).

            En toute immodestie je pense que La solution s’appelle la démocratie, celle qui n’existe nulle part encore sur cette planète. Comme le pouvoir est un véritable poison pour nous autres primates sociaux, qu’il nous rend véritablement fous, la solution est de le partager entre nous tous.

            Si cette révolution anthropologique a lieu (le terme peut paraitre pompeux mais l’avènement de la démocratie serait de la même magnitude que la maitrise du feu ou de l’agriculture par nos ancêtres), le plus probable est qu’elle apparaisse alors dans un seul endroit, un État-nation, avant de se répandre aux autres pays. L’hypothèse est certes hardie, mais tout de même beaucoup moins improbable que l’instauration ex-nihilo de structures démocratiques supranationales.

    1. Roberto,

      Permets moi te dire que tu débloques amigo.

      En plus, le plus désagréable ici, c’est que tu le sais pertinemment !

      La nature humaine ce n’est pas une donnée fixe, et le conflit ne se résout certainement pas dans un entre soi stérile et glauque. Une démocratie bornée aux aléas des potentats n’est pas une démocratie véritable, dans la multitude est le salut, donc dans la totalité de l’espace planétaire. Si, si, chaque îlot de souverain abus est une menace pour l’ensemble de l’Humanité, ne pas le comprendre, c’est avoir passé sa vie en pure perte sur ce caillou.

      Seule l’interaction permanente et durable permet la résolution des problèmes, le reste est acquis aux cancers et à la pourriture.

      1. CloClo, ta sentence à mon encontre est pour le moins paradoxale.

        Passons sur le fait que tu affirmes que ce que j’écris n’est pas ce que je pense, et on se demande bien alors pourquoi je l’écris ? Passons même sur le fait que pour toi la nature humaine n’est pas une donnée fixe, ce qui revient à dire qu’elle n’existe pas. Ou si tu préfères, que l’humanité n’est qu’une espèce animale parmi d’autres sans aucune spécificité.

        Non, ce que je ne suis pas dans ton raisonnement c’est que je dis que la démocratie, le pouvoir du peuple donc, sera plus facile à instaurer dans la structure d’un État-nation qu’ex nihilo à un niveau supranational et que tu traduis cela par « démocratie bornée aux aléas des potentats », ce qui est aussi oxymorique que « démocratie représentative ». Le pouvoir du peuple est antinomique du pouvoir des potentats, puisqu’en démocratie la souveraineté est détenue par ledit peuple.

        Donc oui, bien entendu que si nous devons nous survivre nous devrons édifier une gouvernance globale et que celle-ci ne devra pas être un quatrième Reich planétaire mais une démocratie. Autrement dit une planète où la souveraineté, qui n’est pas un gros mot, sera partagée à égalité entre les milliards d’individus qui composent l’Humanité.

        Chantier aussi pharaonique que vital puisque notre survie est en question, mais que je considère comme beaucoup plus simple (manière de parler bien sûr) à mettre en œuvre dans un premier temps dans une société culturellement et économiquement homogène, plutôt qu’à l’échelle supranationale qui ressemble au monde de Jurassic Park.

        1. Si quelqu’un a un outil, existant dans la vraie vie, plus puissant que l’État-nation, je suis naturellement preneur.

          Le problème n’est pas dans l’État-nation en lui-même, mais dans le fait que cet outil est accaparé par la classe des parasites qui fait voter ses quatre désirs par le petit personnel politique.

          1. Je crains que l’État-Nation soit une espèce en voie de disparition progressive. En terme de démocratie, l’État n’est pas une panacée, et l’échelle de la Nation, cette entité historique, est de moins en moins celle où les problèmes se posent et peuvent donc trouver une solution…

          2. Ah, ah, chouette une controverse ! Elle prouve au moins que le blog de François Leclerc n’est pas une secte type LREM 😀

            L’État-nation en voie de disparition ? Doux Jésus ! Quelqu’un a-t-il songé à prévenir Russes, Chinois et Étasuniens (et quelques centaines d’autres nationalités) ?

            L’État n’est certes pas une panacée, nous sommes d’accord, juste l’outil le plus puissant dont nous disposons aujourd’hui pour organiser nos sociétés modernes. À l’égal d’un marteau qui peut tout aussi bien vous aider à construire votre maison qu’à fracasser le crane de votre voisin. Un simple outil dont l’utilité ou la nocivité dépend de la structure politique qui l’innerve.

            Là où nous sommes bien d’accord, c’est que la solution face aux problèmes globaux dont nous sommes responsables ne se trouve pas dans le cavalier seul et le chacun pour soi, mais dans la coopération. Mais pour coopérer, encore faut-il des structures aptes à dialoguer et à se coordonner. Ses structures existent déjà, ce sont les États-nations dont le Demos Kratos doit prendre le contrôle afin qu’ils ne produisent plus de la compétition mortifère au profit d’une poignée mais de la coopération au profit de tous, seule et unique voie possible pour la survie de l’espèce.

          3. La preuve par l’absurde de l’utilité de l’État c’est que les libéraux, au sens classique du terme, ceux qui ont une sainte méfiance voire une franche hostilité à son égard, se retournent vers lui quand l’économie implose.
            Une différence notable avec les néolibéraux qui eux, ont bien compris l’utilité de l’outil et entendent le mettre tout entier au service des parasites (la fameuse et ridicule start-up Nation en novlangue macroniste).

          4. « L’État [est] juste l’outil le plus puissant dont nous disposons aujourd’hui pour organiser nos sociétés modernes. »

            Le plus puissant peut-être, mais pas forcément assez puissant dans la plupart des cas pour qu’il puisse organiser comme bon lui semble la société delimitée par ses frontières.

            « L’État-nation en voie de disparition ? Doux Jésus ! Quelqu’un a-t-il songé à prévenir Russes, Chinois et Étasuniens (et quelques centaines d’autres nationalités) ? »

            A part la Chine (1,4 milliard d’habitants + armes nucléaires), La Russie (17,1 millions km² + armes nucléaires) et les Etats-Unis (dollar + armes nucléaires) il n’y a pas beaucoup d’autres nations qui puisse s’organiser comme bon lui semble.

            Si la France a pu se transformer en republique malgré l’hostilité des royaumes qui l’entouraient (et ce après deux restaurations du pouvoir royal et deux empereurs) ça n’est que parce que chez ses voisins aussi cette évolution vers l’Etat républicain était dans l’air du temps.

            Par ailleurs si on se met à la place des sujets de Louis XVI, une France où tout le monde parlerait la même langue, obéirait aux mêmes lois (mais choisirait sa religion), paierait les mêmes impots, se soumetrait à la même conscription et irait s’instaler où bon lui semble pour exercer l’activité de son choix était une totale utopie !

          5. « Le plus puissant peut-être, mais pas forcément assez puissant dans la plupart des cas pour qu’il puisse organiser comme bon lui semble la société delimitée par ses frontières. »
            Ne pas confondre l’État et son gouvernement, l’administration avec le politique. Dans une démocratie l’administration obéit au cadre légal imposé par le niveau politique. Le problème que nous avons en régime de « représentativité » étant que le niveau politique dépend non pas de la volonté populaire mais de celle de l’argent.

            « A part la Chine (1,4 milliard d’habitants + armes nucléaires), La Russie (17,1 millions km² + armes nucléaires) et les Etats-Unis (dollar + armes nucléaires) il n’y a pas beaucoup d’autres nations qui puisse s’organiser comme bon lui semble. »
            Aucun État-nation n’est monolithique, ils sont tous traversés par des luttes de pouvoirs. Même XJP doit tenir compte des tensions qui traversent son pays et s’y adapter pour maintenir son pouvoir sur le PCC. Qui plus est à l’extérieur de leurs frontières, les États-nations même les plus puissants militairement et économiquement, se heurtent aux intérêts divergents des autres pays qui limitent leurs degrés de liberté et de manœuvre.

            « Par ailleurs si on se met à la place des sujets de Louis XVI, une France où tout le monde parlerait la même langue, obéirait aux mêmes lois (mais choisirait sa religion), paierait les mêmes impots, se soumetrait à la même conscription et irait s’instaler où bon lui semble pour exercer l’activité de son choix était une totale utopie ! »
            C’est tout à fait exact, mais il ne vous aura pas échappé que les projections du Giec ne nous donnent pas deux siècles pour réaliser l’utopie. Le dernier rapport ne nous donne plus que quelques dizaines d’années, au mieux, avant que le climat n’atteigne de manière irrémédiable ses points de bascule. Si nous en arrivons-là, il ne s’agira plus d’adapter nos sociétés mais de se battre pour la survie en éliminant ses voisins (l‘Inde puissance nucléaire surpeuplée fait partie de ces zones géographiques où la vie humaine et animale risque de devenir carrément impossible par un mélange mortel de température et d’humidité). L’utopie, c’est-à-dire la sortie du capitalisme via la démocratie, seule force pouvant y parvenir, est donc une urgence vitale. Maintenant.

        2. Roberto,

          Que veux-tu que je te dise, si tu en es encore à attendre quelque chose de l’Etat Nation, autre chose que la guerre, et un équilibre forcément précaire, je ne puis rien pour toi. Mais tu auras passé ton temps à réfléchir en pure perte, cela j’en suis convaincu.

          Je ne passe par 4 chemins quand je suis devant un être doué de raison, qui à mes yeux se fourvoie et se ment à lui même.

          Tes lectures, ton expérience, ton rapport aux choses, au monde, la compréhension de notre histoire commune, l’ensemble des sciences, et étrangement quand on lit correctement, l’ensemble des pensées humaines rédigées et laissées à la libre sagacité des lecteurs successifs dans le temps, ce qui comprend les religions, ne font sens que dans l’unité de notre altérité, le truc qui percute simplement résumé c’est : « hé ho mec, je suis là, ici, comme toi, on pose le bâton, et on fait quelque chose ensemble ? »

          Ta famille, ton clan, ton groupe, ta nation, ta culture, c’est pas si important, on est juste là mec, et pas pour longtemps, y a qu’ici, faudrait un peu arrêter de délirer. Et pour ça, y a besoin d’aucun autre outil que de parler tous entre nous, et ça tombe bien, on a un support en béton après des centaines de millénaires de tâtonnements : INTERNET. On est dans le présent, ça dépend juste de nous. De personne d’autre. Je crois que ton Jésus, il a dit : « ici et maintenant ».

          Tu saisis forcément ce que je dis, c’est obligé, chaque être le sait en son for intérieur, c’est comme ça, on est comme ça tous malgré certains abrutis et malades qui délirent depuis des lustres. Ta nation, c’est la négation de ce que nous sommes tous collectivement, ça ne peut pas être la solution, jamais.

          Je ne souscrirai donc pas à ta vision, que je peux comprendre, parce que non, je ne suis sorti du néant pour proférer un tas de conneries de cet acabit avant d’y retourner ! J’en dis déjà pas mal, mais au moins, penser que ce qui fait mentalement la Chine, la Russie, les USA, la France et autres balivernes mentales n’est rien d’autre que de la merde en branche, oui, en 2020 avec ce que je sais et ce que j’ai maigrement accumulé, je m’en fais un devoir. Tu dis de la merde Roberto avec cet idée de Nation. Et tu es digne de mieux. Après hein, moi c’est que je pense, entre deux néants, mais ça me plaît de penser ça, ça me fait plaisir voilà. Et j’aime partager quand je suis bien. Tu saisis ?

          1. CloClo, je n’attends pas quelque chose de l’État-nation comme s’il s’agissait d’une entité autonome et pensante. J’attends que sa puissance soit utilisée pour le bien commun, c’est-à-dire par la volonté populaire et non plus celle d’une poignée. Et comme le premier des biens communs que nous partageons est notre unique planète, suis-je dans le délire le plus complet en pensant que de véritables démocraties auront toutes pour objectif de préserver le seul caillou du système solaire où nous pouvons vivre ?

            Petite précision avant de poursuivre, je suis agnostique. Même pas capable de définir ce que serait un « Dieu » (ce que je devrais être normalement pour mon poisson rouge, puisque c’est moi qui crée son jour et sa nuit et qui lui fournit eau propre, oxygène et nourriture. Je n’ai pas de poisson rouge, c’est juste une manière de dire que le primate que je suis n’a pas les moyens intellectuels de faire la différence entre « Dieu » et une forme de vie en avance sur la nôtre de quelques ridicules millions d’années. Je referme la parenthèse).

            Tu écris : « hé ho mec, je suis là, ici, comme toi, on pose le bâton, et on fait quelque chose ensemble ? » en précisant plus loin, via le net. Très bien, mais une fois que l’on se sera tous mis d’accord sur l’essentiel, comment mettre nos idées en place sans recourir… aux moyens de l’État ?

            Tu rejettes la nation, fort bien. Mais sans elle, pas d’internet, pas d’hôpitaux, de routes, d’écoles, etc, etc. Tout simplement parce que le « nous » collectif, planétaire, ne nous est pas encore accessible. Parce que nos langues, nos cultures, nos manières de voir le monde sont encore bien trop éloignées pour que nous puissions nous fondre en une seule et unique société aux valeurs partagées.

            Ce qui ne veut pas dire que nous ne pouvons pas retrouver l’unité qui était celle de nos ancêtres lorsqu’ils commencèrent par vagues successives à quitter le berceau originel africain. La diversité génétique de notre espèce est l’une des plus faibles parmi la classe des mammifères, nous sommes effectivement tous et toutes frères et sœurs –littéralement- en cela que nous descendons d’un même petit groupe d’humains qu’une catastrophe (cométaire ?) a failli annihiler. Mais il n’empêche que notre diversité culturelle, nos mondes intérieurs, sont encore extraordinairement diversifiés et que le mieux pour le moment est encore de nous regrouper par « univers mental », c’est-à-dire par État-nation.

            Si nous parvenons à instaurer la démocratie (utopie 1) dans quelques-unes de ses entités politiques et que nous parvenions à la transmettre à d’autres (utopie 2), alors nous pourrions stopper la destruction capitaliste (utopie 3) et commencer au travers de la convergence éducative et métisse des jeunes générations à recouvrer notre unité perdue (utopie 4).

            Vu du plancher des vaches où je me situe, chacune de ces utopies sont des marches d’une hauteur vertigineuse. En gravir une seule me semble déjà confiner au miracle, alors 4 d’un coup comme tu le suggères me semble carrément impossible.

            J’en reste donc à ma première utopie, celle d’instaurer dans un premier temps la démocratie avec des gens qui partagent une même langue et une même culture. Un miracle à la fois si tu préfères.

            Et j’aime beaucoup ta manière de partager quand tu es bien, en me disant que ce que je pense est de la merde. Qu’est-ce que ça doit être quand tu es mal !

  4. « Un miracle à la fois si tu préfères. »

    Homme de peu de foi, « il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche de rentrer dans le royaume de Dieu. »

    Ecoute ton coeur. En toute amitié. Si je te le dis c’est bien parce que je ne crois en rien. Nous sommes Légion.

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